C'est un transfert qui avait de quoi surprendre et qui, comme prévu, n'est guère fructueux. Coéquipier de Jorge Martín chez Pramac et vainqueur du GP d'Australie en 2023, Johann Zarco a quitté le team satellite de Ducati pour signer chez LCR, le team satellite de Honda. En d'autres termes, le Cannois a pris l'ascenseur pour descendre au sous-sol.
Capable de se mêler à la lutte pour le podium, voire la victoire en sprint comme en Grand Prix, Zarco se retrouve dans la peau d'un développeur au sein d'une écurie en perdition et qui a vu Marc Márquez décamper cet hiver, lassé de jouer les utilités alors qu'il est capable de se mêler aux meilleurs avec une Desmosedici GP23 dès les premiers weekends.
Preuve que les pilotes de l'équipe officielle ne sont pas au niveau, Luca Marini (23e sur 24) et Joan Mir (21e) ont terminé les tests de Jérez derrière les LCR (Zarco 20e et Takaaki Nakagami 16e). Après 4 étapes, Zarco n'a grappillé que 5 points donc 4 lors du premier Grand Prix de la saison, au Qatar (12e). À Austin comme à Jérez, il y a eu du mieux mais le double champion du monde de Moto2 est tombé trois fois, ne terminant que la sprint en Andalousie, derrière Mir et Nakagami.
La compétence des pilotes Honda et LCR ne sont pas en cause. Le Japonais a déjà signé une pole position et compte de nombreux Top 10 dans la catégorie reine. Marini a signé deux poles et deux podiums en 2023 avec la VR46, l'écurie de son demi-frère, un certain Valentino Rossi. Et que dire de Mir, champion du monde en 2020 avec Suzuki ?
Des essais mais pas de progrès
Honda est en perte de vitesse depuis plusieurs saisons et 2024 n'annonce pas une inflexion de la courbe de performance. Fin avril, à Jérez, le constructeur nippon a procédé à plusieurs essais qui n'ont pas été fructueux. L'avis de Zarco est du genre tranché : "on a fait quelques relais avec et on n'a pas vraiment pu faire de commentaires positifs sur cette moto. Il n'y a qu'un domaine qui était meilleur mais pour le reste, le chrono ne venait pas (...) On perd beaucoup dans les virages rapides, c'est vraiment notre limite. Quand on incline la moto, elle ne tourne pas comme les autres et on manque aussi d'adhérence. On ne peut pas associer les deux pour le faire. Le pneu neuf aide beaucoup à avoir une bonne accélération, à améliorer le turning aussi mais, quand on compare aux autres, ils sont encore un gros cran devant".
Pilote au caractère bien trempé, Zarco a fait éclater sa frustration. Patron de Honda, Lucio Cecchinello apprend à connaître le numéro 5 : "j'ai remarqué que quand il exprime un désaccord de façon vigoureuse, au bout de quelques minutes il se calme et devient très raisonnable. C'est bien de travailler avec lui, il a beaucoup d'expérience et ça nous conforte pour la suite".
Mais malgré tous les efforts opérés par les ingénieurs et les pilotes, le compte n'y est pas et l'homme aux 21 podiums ne s'en cache pas : "on a aussi tout fait pas à pas pour comprendre tous les mouvements que l'on peut faire sur la moto. Je m'attendais peut-être à faire des progrès avec cette nouvelle moto dans ce test mais on ne les a pas eus". Nouvelle monture avec un nouveau moteur et un aérodynamisme repensé... mais un bilan peu encourageant. À 33 ans, Zarco dispose d'un contrat jusqu'en 2025 mais, pour celui qui aurait pu composer une équipe 100% française chez Yamaha au côté de Fabio Quartararo, le temps paraît déjà bien long. Mais même en queue peloton, le 5e du championnat en 2023 se battra pour entrer dans les points... avec une belle surprise au Mans ce weekend ?
