Texan d'adoption, Scottie Scheffler ne manque jamais de rappeler qu'il est un fervent croyant à chacun de ses succès. Le rituel peut s'avérer lassant mais il faut bien reconnaître que le jeu pratiqué par le numéro 1 a quelque chose de divin depuis plusieurs semaines.
Le natif du New Jersey joue sur coussin d'air depuis mars. Lors des 5 tournois qu'il a disputé, il s'est imposé 4 fois. La liste est totalement hallucinante : victoires au Arnold Palmer Invitational puis la semaine suivante au Players dont il était le tenant du titre puis, après une deuxième place à Houston, le Masters et le RBC Heritage à la file. Depuis 2022, il en est à 10 victoires sur le PGA Tour dont deux Masters à Augusta. Champion du monde de match-play, auteur d'un back-to-back à Phoenix en 2022-2023 (il n'a été "que" 3e cette année), Scheffler excelle sur tous les terrainns.
À 27 ans, il confirme que le premier semestre de compétition est son royaume. Et cette fois-ci, il pourrait bien étendre son royaume car il a fait évoluer ce qui était son (petit) défaut : un putting un brin en-dessous du reste de son jeu.
Phil Kenyon, docteur ès putting
"Quand vous n'êtes pas aussi performant que vous le devriez dans quelque chose, quelle est toujours la solution ? Généralement, il suffit d'essayer plus fort" : Scheffler est, comme l'essentiel des golfeurs, du style obsessionnel. Et quand un joueur de cet accabit se met à travailler spécifiquement, cela devient du grand art.
Golf Digest résumait : "le problème provenait de divers désalignements. Il avait tendance à viser ses pieds vers la droite de sa cible et ses épaules vers la gauche. Cela a créé une série de compensations qui ont conduit à une frappe incohérente".
Lors de la dernière Ryder Cup disputée à Rome en septembre dernier, un personnage bien connu du monde du golf était au côté de Scheffler : Phil Kenyon, alias le gourou du putting qui a travaillé avec la fine fleur du golf, de Rory McIlroy à Justin Rose en passant par Tommy Fleetwood et Brooks Koepka. Déjà à l'écoute des conseils de McIlroy qui l'a motivé à choisir un maillet et différentes évolutions pour améliorer son petit jeu, le numéro 1 mondial a progressé très rapidement.
Scheffler pourrait presque donner l'impression qu'il avait beaucoup de lacunes en la matière, mais il s'agirait plutôt d'ajustement pour limiter au maximum les trois-putts et augmenter sa marge de sécurité sur le reste du champ. Angle d'attaque modifié, nouveau grip, placement des pieds : Kenyon a apporté son expertise incomparable pour rendre Scheffler encore plus imbattable. "C’était bien de mettre de l’ordre dans mon cerveau et d’avoir l’impression de travailler dans la bonne direction plutôt que de jouer un peu à un jeu de devinettes, s'est réjoui le joueur. Phil a donc été vraiment utile".
L'objectif global de toutes ces évolutions et de cet enseignement nouveau et de développer une routine pour garder un maximum de contrôle, "c'est-à-dire avoir une bonne attitude et réussir un bon putt". Autant technique que psychologique, le putting est "une chose tellement étrange. Parfois, quand vous vous sentez bien, vous avez l'impression que vous ne manquerez jamais, et parfois, lorsque vous vous sentez mal, vous avez l'impression que vous n'allez jamais réussir".
Après un break de 3 semaines pour assister à la naissance de son premier enfant (il avait affirmé qu'il n'hésiterait pas à quitter le Masters, même en tête, si sa femme était sur le point d'accoucher), Scheffler sera l'immense favori pour le PGA Championship, deuxième Majeur de la saison. Plus certain de son jeu que jamais, il pourrait poursuivre sa série victorieuse dans le Kentucky et conforter sa domination sans partage.
